mardi 25 septembre 2012

Motion 1: Mobiliser les Français pour réussir le changement

Notre Congrès de Toulouse se déroule dans un contexte inédit.

La crise que traverse la France et qu'affrontent les Français est d'une gravité exceptionnelle. Elle n'est pas un aléa de la conjoncture qui précèderait, pour les économies et les Etats, un retour à la normale. Elle accélère le dérèglement et finalement révèle l'impasse du capitalisme financiarisé. C’est une crise économique et sociale avant tout, dont les effets n’épargnent aucune puissance ni aucun taux de croissance, et à laquelle s’agrègent d'autres crises qui menacent la paix entre les nations et l'avenir même de l'humanité : crise climatique, crise alimentaire, crises géopolitiques sur fond de dissémination nucléaire et de terrorisme.
Pour nos concitoyens, et d'abord les plus modestes, et d'abord ceux qui travaillent, la crise se traduit au quotidien par un chômage qui augmente – notamment chez les jeunes, les femmes et les salariés âgés de plus cinquante ans, des entreprises qui tournent au ralenti ou qui ferment, des communes et des villages, à la périphérie des métropoles ou des grandes villes, qui perdent des services publics, des commerces, des habitants. La plus grave crise, c'est la crise de l'avenir : cette crainte de toutes les générations que demain pourrait être pire qu'hier et qu'à cela, au fond, il n'y aurait rien à faire, ou si peu.

C'est parce qu'ils sont conscients des difficultés et qu'ils refusent la fatalité qu'au printemps dernier, les Français ont choisi le changement.

Changement de politique. En élisant François Hollande, puis en donnant à l’Assemblée nationale la majorité aux socialistes et à leurs partenaires de gauche et écologistes, nos concitoyens ont adhéré au projet de redressement dans la justice porté par le Chef de l’Etat et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et dont nous avions posé ensemble les fondations lors de l’adoption de notre projet.

Oui nos concitoyens ont voulu changer d’orientation pour le pays qu’une décennie de pouvoir UMP a dangereusement affaibli : croissance atone, chômage en hausse, compétitivité des entreprises en baisse dont témoigne le déficit historique de la balance commerciale, dégradation des finances publiques et endettement record. Dans la même période, notre modèle social a été abîmé : casse des services publics, fragilisation du système de retraite par répartition, injustices fiscales pour les ménages comme pour les entreprises.

Changement de pratique politique. Le choix du 6 mai et du 17 juin 2012, c’est celui d’une politique de vérité, d’écoute, de sobriété, d’efficacité. C'est le succès d'une orientation qui a su mobiliser l'électorat de gauche face à la droite conservatrice. En assumant l'héritage socialiste, en retrouvant la marche vers le progrès, en dénonçant les politiques libérales qui ont produit chômage, dette, désindustrialisation et démolition des services publics et qui ont échoué à résoudre la crise, en désignant la finance comme l'adversaire, François Hollande a rendu possible le rassemblement d'une majorité de Français pour l'alternance. Cette orientation marque le souhait de mesures d’urgence face à la crise, mais aussi de réponses durables pour bâtir le monde de l’après-crise. C’est, enfin, le refus de l’agitation en guise d’action et de la communication qui tient lieu de vision.

Changement d'Europe, aussi. En décidant l’alternance, le peuple français, l’un des fondateurs de la construction européenne, a voulu lui donner un nouveau cours. La croissance qui crée des emplois au lieu de la récession et de la spirale du chômage, le sérieux financier contre le jeu des marchés, la protection des savoir-faire et des entreprises face aux délocalisations, la volonté politique face au laisser-faire des libéraux, tel est le sens du combat engagé, sitôt investi, par le Président de la République.

Changement de système enfin, du local au global, avec la conviction que l’avenir se joue maintenant. A toutes les échelles, pour toutes les générations, se fait sentir l’impératif d’une réconciliation : entre l’humanité et son environnement, entre l’instant et le long terme, entre l’individu et le collectif, entre la technique et l’éthique. De cet espoir aussi, la victoire des socialistes français dans le pays de l’universel par excellence est dépositaire devant l’Histoire.

Ce changement, nous le devons aux Français et à la gauche. Nous devrons en faire la démonstration tout au long du quinquennat en améliorant la vie quotidienne des Français. La réussite de la gauche au pouvoir se mesurera d'abord au redressement du pays et aux succès remportés contre le chômage, l'insécurité, le mal logement, le renoncement aux soins, la dégradation des conditions de vie de la jeunesse. Elle devra se traduire également par le recul du Front national dans les territoires où le vote de gauche est majoritaire. Plus globalement enfin, nous aurons à faire la démonstration que la gauche au pouvoir permet de retrouver le sens du progrès : conquête de nouveaux droits, réduction des inégalités, démocratie revivifiée, Europe réorientée.

Nous, militantes et militants socialistes, avons contribué collectivement à faire élire le changement. Il nous faut maintenant agir pour réussir dans la durée.

Pour relever les défis du 21ème siècle, nous avons besoin d'une gauche durable. Notre pays est confronté à une crise écologique et énergétique sans précédent. Cette crise détruit la certitude que nos enfants pourront vivre dans un monde au moins aussi confortable que celui dont nous avons hérité. Elle impose de réinventer nos modes de production, de consommation, de déplacement et au final nos façons de vivre. N’oublions jamais que nous sommes locataires de la planète, non ses propriétaires.

A cette crise structurelle, s’ajoute une crise économique et sociale aussi profonde que douloureuse. Nos industries sont fragilisées, les salariés sont précarisés, le chômage frappe trois millions de nos concitoyens, un demi-million de jeunes de moins de 25 ans sont sans emploi ou formation. Il en ressort une inquiétude, un doute, un soupçon sur la capacité de notre pays à garantir ce qui a fait notre force dans le monde contemporain, cette promesse républicaine qui veut que la prochaine génération vivra mieux que la précédente, cette certitude que les jeunes qui arrivent auront toute leur place dans la société. Il appartient au Parti socialiste de répondre à ce défi, de réenchanter le rêve français, le rêve républicain, de recréer les conditions du progrès.

Réparer le présent et préparer l’avenir, redresser la France et rassembler les Français, cette ambition impose des efforts sans précédent. L’endettement public, s'il n'était pas réduit, placerait notre pays dans la main des marchés. Que le remboursement des intérêts de la dette constitue une charge budgétaire supérieure à celle qui est mobilisée pour l’Education nationale n’est pas seulement un poids financier : c’est une défaite morale. De cela, les conservateurs et les libéraux peuvent s'accommoder, pas la gauche ! Notre responsabilité est d’y remédier tout de suite, pour rendre au peuple de France sa souveraineté. Notre responsabilité est de faire en sorte que demain, nos enfants ne paient pas toujours pour les dépenses accumulées par leurs aînés, qu’ils aient les moyens d’inventer, d’investir comme nous avons pu le faire. La dette est l’ennemie de la gauche et de l'indépendance du pays car elle  hypothèque l’avenir.

Le redressement est engagé et il va s'amplifier. Si les Français y adhèrent, c'est qu'ils savent qu'avec les socialistes et leurs partenaires de la majorité présidentielle, les efforts seront réalisés dans la justice. Ils seront partagés en fonction des capacités de chacun, en s’assurant que le système sera plus juste, plus équitable, qu’il garantit que ceux qui paient sont ceux qui en ont les moyens et que ceux qui en bénéficient sont bien ceux qui en ont le plus besoin. C’est tout le sens de notre engagement socialiste.
L’élection de François Hollande a déjà permis d’obtenir des résultats. En France, la société est apaisée, aucune catégorie n’est stigmatisée, les partenaires sociaux et l’Etat dialoguent pour réformer, des premières décisions favorables au pouvoir d’achat, à l’emploi, à l’éducation, au logement, à la sécurité ont été prises par le Gouvernement et approuvés par la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. En Europe comme au G20, la croissance et l’emploi sont désormais au cœur des choix. Sur la scène internationale, la France a retrouvé sa voix, celle qui porte haut les droits de l’homme face aux dictateurs et le droit à la paix pour les peuples opprimés comme en Syrie. C’est la France qui prône le dialogue des civilisations contre les logiques d’affrontement, celle qui défend ses intérêts et ceux de l’Europe face au libre-échange sans précaution à travers sa diplomatie économique, celle qui, en Afghanistan comme au Proche-Orient, gagne en influence par sa cohérence. C’est celle qui veut imaginer, à terme, un partenariat renouvelé entre les deux rives de la Méditerranée, susceptible de constituer une alliance régionale à hauteur des enjeux de la mondialisation. Cette alliance pourrait se concrétiser par la mise en œuvre d’un plan de relance de la Méditerranée, privilégiant les investissements publics dans les énergies renouvelables et les infrastructures de réseaux (transports et numérique), valorisant le partage des savoirs. Une telle initiative serait, de surcroît, la magnifique démonstration que le développement entre Nord et Sud est possible, dans la fraternité et dans l’égalité.

Le redressement dans la justice c’est le sens du rassemblement opéré autour de François Hollande, au Parlement et au Gouvernement. C’est le sens du rassemblement des forces de progrès qui veulent préparer le monde d’après, en veillant à y inclure chaque femme, chaque homme et chaque territoire pour assurer le développement durable de notre pays. C'est le sens de la gauche durable qui veut combattre tous les déficits : déficits financiers, bien sûr, mais aussi déficits d'emplois, de croissance, de compétitivité, de protection pour les travailleurs.

C’est une tâche immense, plus exaltante et plus difficile encore que la conquête des responsabilités. Elle nous invite à prolonger pour le consolider le fil du socialisme démocratique, celui que tissa Jaurès et que prolongèrent Léon Blum, François Mitterrand, Lionel Jospin et des générations de militants volontaires et généreux.

C’est une tâche fondamentale : nous devons tirer les leçons des expériences passées pour rendre l’alternance de 2012 fructueuse et durable. Pour la quatrième fois depuis 1981, nous exerçons les responsabilités du pays. Dans cette période, nous avons gouverné régulièrement, jamais continûment. 1981 fut stoppé en 1986. 1988 prit fin en 1993. 1997 fut brusquement interrompu le 21 avril 2002. Nous refusons cette malédiction qui voudrait que la gauche en France soit élue, gouverne, mais ne confirme pas. Parce que les socialistes sont des militants de la laïcité, nous ne croyons pas aux malédictions. Surtout, le redressement du pays appelle une gestion et une transformation sur la longue durée : oui d’ores et déjà, nous voulons que le Président de la République inscrive son action sur une décennie, sur deux quinquennats. Il est vital pour la gauche de poursuivre le cycle vertueux des victoires électorales. Nous le devons aux Français qui souffrent de longues années de crise et d’espoirs déçus de voir enfin se produire dans notre pays des transformations durables.

Parce qu’ils auront demain la charge de porter l’héritage de la gauche, nous le devons aussi aux prochaines générations de militants, pour lesquelles il faudra honorer la promesse démocratique du 6 mai.

C’est à tracer ce chemin que doit être consacré le Congrès des socialistes à l’automne prochain.

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