mardi 25 septembre 2012

I - Réussir le changement, c'est tenir nos engagements

En 2012, les Français de métropole, des outre-mer et de l'étranger ont accordé leur confiance aux socialistes. Cette adhésion, chacune et chacun de nous l’éprouve comme un honneur et une responsabilité : l’honneur de porter l’espérance populaire et la responsabilité de la faire advenir dans la vie quotidienne.

La double victoire présidentielle et législative n’est pas seulement une victoire de la gauche
contre la droite : c’est celle de la confiance retrouvée.

Confiance retrouvée dans la politique : en République, la véritable agence de notation, c’est le suffrage universel.

L’histoire des trente dernières années est le récit d’une lente et implacable dépossession du pouvoir politique et de ses représentants par des institutions supranationales insuffisamment démocratiques, au fonctionnement complexe et aux décisions lointaines, par des marchés financiers au service des intérêts d’une minorité, par une concurrence mondiale sans règles. S’y ajoutent d’autres phénomènes, souvent agressifs, parfois positifs, qui ont remis en cause des solidarités collectives sans que d’autres viennent les remplacer : la fragmentation du travail qui place les salariés sans protections collectives dans l’entreprise, ou encore l’épuisement des grandes idéologies du 20ème siècle et de leurs représentations du monde qui laisse souvent place au nationalisme, au repli sur soi, à l’intégrisme religieux et à l’obscurantisme. Cela rend urgente la construction d’une interprétation laïque du monde et de la destinée commune.

Face à cette tendance, l’alternance en France prend une signification particulière et même historique : après une décennie de relégation du citoyen et d’affaiblissement de la puissance publique, elle marque le retour du volontarisme transformateur, celui qui permet aux femmes et aux hommes de choisir leur destin et de définir ensemble les moyens de l’accomplir.

2012, c’est aussi la victoire d'un espoir et une exigence vis-à-vis du politique. L’affaiblissement de la parole publique est une autre caractéristique des dernières années. En témoignent l’abstention et en partie, même si elle est aussi le résultat d’une défaite culturelle et idéologique  pour les démocrates, la montée de l’extrémisme.

De cette dégradation démocratique, le sarkozysme est responsable pour une large part : les promesses furent si nombreuses, les annonces si peu suivies d’effets et les résultats furent si minces ! Quand « travailler plus pour gagner plus » se mue en « chômer plus pour toucher moins », quand un Gouvernement dénonce les patrons voyous à la tribune des G20 et qu’il conforte leurs privilèges dans les lois de finances, quand le chef de l’Etat annonce la « France des droits de l’homme » et qu’il déroule le tapis rouge à Bachar-al-Assad le jour de la Fête nationale, quand un pouvoir se promeut protecteur de la « France des usines » et qu’il les laisse être démantelées ou déménagées par des financiers, bref quand les mots disent l’espoir et que les actes font le désespoir, les citoyens doutent non seulement de ce pouvoir-là, mais de l’action publique en tant que telle.

C’est à cet abaissement de la crédibilité politique que nous voulons mettre fin. Nous avons déjà commencé, en respectant quelques principes simples et forts. Ne jamais dire ce qui ne pourra être fait. Dire la vérité aux Français. Ne jamais rien cacher des efforts à consentir. Ne jamais accuser les autres – et d’abord nos partenaires européens – de nos propres manquements. Prendre des engagements précis et s’y tenir. Définir les moyens en même temps que les fins. Etre responsables dans l'opposition et audacieux au Gouvernement. Ces exigences nous ont guidés lors de l’élaboration du contre-plan de relance en 2009, de la plateforme pour les élections régionales et de la réforme alternative pour la sauvegarde des retraites en 2010, des propositions de loi de nos élus au lendemain de l’alternance au Sénat et de notre projet socialiste adopté à l’unanimité en 2011, pour les 60 engagements du projet présidentiel de François Hollande en 2012 : un cap clair, des réponses innovantes aux défis du moment, des financements prévus du premier au dernier euro, un calendrier sérieux, voilà comment la parole publique retrouve force et crédibilité.

Nous avons donné confiance en portant aussi le bon diagnostic sur la France et l’Europe, le monde et le moment.
Diagnostic d’une crise qui n’est pas un simple accident de conjoncture, mais l'épuisement d’un système. Les égarements des traders ont révélé plus que l'avènement d’une finance débridée. Ils ont levé le voile sur la vision du monde qui la sous-tend : la tyrannie du court terme et de la rentabilité immédiate, la mainmise de la finance sur l’économie réelle, la marchandisation envahissant peu à peu toutes les activités humaines – l’eau, l’air, la santé, le vivant, la culture –, la confiscation du pouvoir par une nouvelle aristocratie d’argent.

Diagnostic d’une Europe qui s’est affaiblie dans la mondialisation parce que, en se constituant en un grand marché, elle a semblé oublier qu'elle est d'abord une grande idée. L'Europe n'a hélas pas échappé à la financiarisation de l'économie qui détruit les emplois et contracte les salaires. Ces vingt dernières années, avec une dangereuse accélération au cours de la dernière décennie, la spéculation et le dogme du rendement à court terme y ont détruit une part de l'économie réelle et empêché les investissements dans le tissu productif. Telle n'était pas la promesse originelle de la construction européenne. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les pères fondateurs s’étaient retrouvés autour d’un pari : l’union des nations européennes les protégerait toutes des périls et elle offrirait à chacune la paix, le progrès et la prospérité. Le primat des gouvernements, majoritairement conservateurs dans la dernière décennie, et l’affaiblissement des institutions européennes, la Commission et la méthode communautaire au premier chef, se sont conjugués pour donner libre cours aux seules politiques libérales de marché. Après avoir forgé les compromis féconds de la reconstruction puis des Trente glorieuses, après avoir conçu les protections les plus fortes au monde pour les salariés et les retraités, après avoir réussi le défi de mobiliser en une œuvre commune des nations qui s'étaient si durement affrontées dans l'Histoire, l'Europe semble en panne d'elle-même. Depuis vingt ans, depuis que François Mitterrand, Helmut Kohl et Jacques Delors ont passé le témoin, la construction européenne a subi de plein fouet les effets d’une mondialisation dérégulée et les conséquences des dérèglements du capitalisme financier. Faute de vision politique. Faute d'ambition économique et sociale. Faute de conscience de sa propre puissance, notamment commerciale. Faute de mobilisation des sociétés.  Aujourd’hui, les peuples s’éloignent de la promesse européenne parce que celle-ci s’est éloignée d’eux.
Que l’Europe n’ait pas été suffisamment protectrice pour les peuples, ne nous fait pas oublier que précisément, face au capitalisme financier, face aux grandes puissances, anciennes et nouvelles, et face aux entreprises multinationales, l’Union européenne nous donne une capacité d’action, par sa taille, sa profondeur et sa dynamique, que nous n’aurions pas seuls. Elle peut et elle doit être le continent régulateur face aux défis planétaires : le changement climatique et ses dangers, la course au moindre coût avec ses dégâts humains et environnementaux, la crise alimentaire et le choc énergétique qui vont accroître la pauvreté dans les nations et les tensions entre grands ensembles régionaux, le souci de l'éthique et le primat de la rationalité face à la menace des intégrismes religieux et du fanatisme terroriste, l’indispensable résolution de la situation au Proche Orient, clé de tant de guerres et d’affrontements dans cette région et dans le monde.
C’est donc la dimension politique de l’Europe et la dimension européenne de nos politiques que, aux côtés des socialistes et sociaux-démocrates européens, nous devons rappeler, renouveler et même réinventer. Notre objectif est que le peuple européen puisse se réapproprier l'Europe : il lui faut pour cela renouer avec son projet de civilisation, croire en ses atouts, défendre ses valeurs autant que ses intérêts.

Diagnostic, enfin, d’une France à la recherche d’elle-même. Ce fut le principal enseignement du tour de France mené par le Parti Socialiste tout au long de 2009, quand nous avons décidé de confronter, au plus profond du pays, nos convictions aux inquiétudes et aux attentes des Français. Les inquiétudes, ce sont celles des classes moyennes qui redoutent ou qui vivent le déclassement social – licenciements, difficultés pour se loger ou se soigner, angoisse face à l’avenir des enfants, à leur accès à un emploi, une formation, un logement. Les inquiétudes, ce sont celles des ménages modestes et populaires qui craignent le basculement dans la précarité : ils sont les premières victimes de la vie chère, de la disparition des services publics, de l’insécurité ou de la ghettoïsation de la société. Dans notre société, le rapport à l’avenir est plus fracturé que jamais : d’un côté, il y a les personnes ou les groupes sociaux qui, inclus dans un monde en mutation, le vivent comme une opportunité où eux-mêmes auront leur place ; de l’autre côté, les individus – majoritaires même s’ils n’ont pas forcément conscience de l’être – qui se sentent fragilisés, relégués voire menacés dans le monde tel qu’il va, et n’imaginent d’avenir ni pour eux-mêmes ni pour leurs enfants.

C’est notre rôle de parler à l’ensemble des Françaises et des Français, sans exclusive. Mais bien sûr, c’est d’abord aux demandes et aux peurs des classes populaires et moyennes que nous voulons répondre, car ce sont elles qui constituent la plus grande partie du peuple français, ce sont elles qui sont les plus exposées aux grands bouleversements du monde –positifs ou négatifs – et ce sont elles qui font de la France la nation qu’elle doit être.

Le gouvernement précédent n’a conçu et orienté ses politiques publiques qu’en direction d’une classe très minoritaire de privilégiés. C’est sans doute sa plus grande faute. Aujourd’hui, sans la moindre idée de revanche ou de stigmatisation, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault a d’ores et déjà mis un terme à cette politique de redistribution à l’envers : nous nous sommes engagés à remettre les principes de la solidarité nationale à l’endroit et nous le ferons.

En même temps, nous le savions et les Français nous l’ont confirmé à chaque étape de notre dialogue avec eux, la France a des atouts et il n’appartient qu’à elle de les valoriser. Notre géographie, notre langue, notre histoire et notre culture, notre démographie, nos infrastructures, nos services publics, notre main d’œuvre qualifiée, notre jeunesse, nos créateurs et nos entrepreneurs, les ressources de nos territoires, nos technologies de pointe et notre recherche. Comment la Nation a-t-elle pu se priver de tels ressorts au cours des dernières années, parfois depuis plus longtemps encore ? Les Français n’ont pas voulu un tel renoncement ! Il est le fait d’une idéologie qui a consacré la loi du plus fort, qui a érigé l’argent comme la mesure d’une vie réussie, confondu l’aspiration à l’autonomie avec l’égoïsme, identifié la modernité à la remise en cause des conquêtes sociales et entretenu le mirage d’une « mondialisation heureuse » car autorégulée.

Du tour de France du projet en 2009 au programme présidentiel de François Hollande en 2012, une même conviction nous a animés : le besoin de retrouver la France qu’on aime et l’envie de ré-enchanter le rêve français. Il y a un rêve américain, qui est un rêve de réussite individuelle et d’abord matérielle. Et il y a un rêve français, le rêve républicain, qui récompense le mérite de chacun et le progrès de tous. Qui favorise la réalisation des aspirations individuelles, qui permet la coexistence des opinions diverses et qui garantit des conditions de vie dignes à tous. La France, c’est la promesse d’égalité républicaine, le modèle social qui la porte et les services publics qui l’incarnent. La France, ce sont des valeurs plus grandes que l’Hexagone : les droits de l’homme, la construction européenne, l’aspiration à la justice et au développement partagé, et d’abord avec l’Afrique. La France, c’est la laïcité, la garantie pour chacun du respect de la liberté de pratiquer un culte ou de ne pas en pratiquer. C'est la laïcité jusqu'au bout, comme fait juridique, philosophique et historique, ce talisman qui distingue ce qui relève de la loi et ce qui est du champ de la croyance, ce joyau du vivre-ensemble qui nous permet d’être égaux et différents. Mais la République laïque, c’est aussi celle qui inscrit dès le plus jeune âge des valeurs communes – la connaissance et l’esprit critique, le dévouement, la solidarité – supérieures aux valeurs fondées sur l’argent, la concurrence, l’égoïsme, et qui font le sens d’une vie réussie. La France, ce sont des outre-mer qui sont une richesse qui doit être valorisée. La France, c'est l'identité républicaine qui inspire les peuples dans leur combat contre l’oppression, pas une « identité nationale » exhumée par la droite et qui rapetissait la France. La France, c'est une nation qui met en œuvre une politique d'immigration maîtrisée fondée sur le respect de l'Etat de droit, l'exigence d'intégration et d'accueil fondée sur des droits et des devoirs réciproques, le soutien au co-developpement avec les pays d'origine, la coordination avec nos partenaires de l'Union européenne. Bref, la France, c'est la République.

Nous avons montré qu’il est possible de moderniser nos réponses en portant haut nos valeurs.

La crise a donné raison aux analyses de la gauche. Après trois décennies marquées par le triptyque déréglementation-privatisations-délocalisations, l'urgence d’un nouveau cycle régulateur s’impose. Les conservateurs ont tort de considérer qu’il s’agit là d’une revendication hexagonale. Certes, en France, la gauche depuis plusieurs années et le Gouvernement depuis le printemps dernier, sont à l’avant-garde du combat pour ordonner et maîtriser la mondialisation.

Nous devons faire le choix d’une nouvelle croissance. Nous n’y parviendrons que par la formation et l’innovation, les sciences et la relance des grands projets industriels et de recherche, le soutien à la transition énergétique et aux nouvelles technologies dans les domaines de la santé et de la médecine, des éco-matériaux, des énergies nouvelles. La priorité à l’investissement doit être réaffirmée sans relâche. Dans sa nouvelle déclaration de principes adoptée en 2008, notre parti s’est résolument inscrit dans le cadre d’une économie sociale et écologique de marché. C’est celle qu’il nous revient, aux responsabilités du pays, de bâtir.

Cet impératif mobilise bien au-delà de nos frontières.

C’est manifeste en Europe où socialistes et sociaux-démocrates ont rompu avec la tentation de la « troisième voie » en vogue à la fin des années 1990. L’idée d’un nouvel interventionnisme de la puissance publique et la volonté d’une construction européenne plus soucieuse de politiques concrètes pour les peuples que de procédures ou de normes favorables au marché, sont deux preuves d’une gauche de nouveau fière de ses valeurs et de ses réalisations. A cette évolution salutaire, le Parti socialiste français a apporté une contribution décisive.

Parmi les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, sous l’impulsion de François Hollande, cette évolution fait des émules bien au-delà de la gauche – à commencer par les dirigeants d’autres puissances économiques telles l’Italie et l’Espagne. Peu à peu, le verrou conservateur est remis en cause. Un même mouvement s’opère bien au-delà de l’Europe dans le monde. C’est vrai aux Etats-Unis où le président Obama fait prévaloir la croissance face à la finance, mobilise l’action publique pour protéger l’emploi industriel en misant sur les nouvelles technologies et fait progresser les droits sociaux, par exemple en matière de couverture maladie. C’est vrai dans de nombreux pays d’Amérique latine où gouvernants et sociétés civiles sont engagés dans la préservation des biens publics et la réciprocité dans les échanges commerciaux. Parmi plusieurs nations émergées – comme en Inde en matière de droits sociaux –, la nécessité de règles améliorant le sort de la population et les relations avec les autres grands ensembles de la planète commence à être prise en compte. En Chine, les révoltes populaires se multiplient pour que le développement économique s’accompagne d’avancées sociales et des libertés publiques. Si la bataille est loin d’être gagnée – la difficulté à faire progresser les protections dans le domaine environnemental et de la biodiversité le montre hélas –, elle est clairement lancée. Après un cycle néo-libéral entamé sous l’ère Reagan-Thatcher et amplifié depuis la fin des années 1970, la perspective d’un nouveau cycle, régulateur et protecteur, se profile. Il faut mesurer cette chance historique et ne surtout pas la manquer.

Les premières avancées ont été obtenues parce que nous avons hissé haut nos couleurs, celles du socialisme républicain. Ce bien commun remonte loin et prend appui sur des fondations solides. Les héritages spirituels et philosophiques, les héritages de l’humanisme du XVIe siècle, l’esprit des Lumières, le féminisme, cette histoire est celle de tous les Français, mais elle a une actualité permanente. Pour nous socialistes, elle se nourrit des combats de 1789 et de 1792, de l’insurrection populaire de 1848 et de l’abolition de l’esclavage, de la Commune de Paris et de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat, du Front populaire, de l’Appel du 18 juin 1940, du Conseil national de la Résistance, des grandes grèves et du mouvement de la jeunesse de 1968, de 1981 et 1997 et des avancées économiques, sociales et sociétales que nous avons réalisées dans l’exercice du pouvoir. A chaque fois, une même volonté, celle du peuple qui se mobilise pour la liberté sans laquelle rien n’est possible, pour l’égalité qui doit être réelle, pour la fraternité et la laïcité qui sont le ciment du pacte social.

Mais ce patrimoine n’est pas un musée : la constance dans les valeurs va de pair avec l’exigence d’actualisation des réponses aux temps et aux défis nouveaux.

Le défi premier, le défi vital, c’est le rapport à la planète elle-même. Raréfaction de l’eau, épuisement des énergies fossiles, déforestation, appauvrissement de la biodiversité, urbanisation incontrôlée : nous faisons comme s’il y avait une seconde Terre à investir une fois épuisées les ressources de celle qui nous accueille. Partout, périls écologiques et inégalités sociales se renforcent mutuellement. Ce constat, nous l’avons établi depuis plusieurs années maintenant et nous en avons fait l’un des socles du socialisme pour le 21e siècle. Dans le projet pour 2012, nous traçons les contours et fixons le contenu d’un modèle de développement assis sur les nouveaux compromis entre économie et écologie, justice sociale et démocratie, aspirations individuelles et biens collectifs. Ont été mises en évidence des solutions inédites pour concevoir, produire, consommer, échanger mieux. Ainsi, nous plaidons pour la diversification et la performance énergétiques, les circuits locaux pour l’agriculture et la pêche avec des clauses de proximité dans les marchés publics, le déploiement des transports collectifs décarbonés, une production industrielle et une construction de logements économes en énergie, la réduction de 75 % à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique à l'horizon 2025. Oui, le socialisme à venir est une social-écologie ! L’urgence écologique doit aussi guider nos choix d’innovation économique, tant au niveau national qu’à l’échelon européen. Les nouvelles énergies sont un levier de croissance et un réservoir d’emplois. L’éolien, notamment off-shore, le photovoltaïque, la voiture décarbonée, les biocarburants appellent des investissements et la structuration de nouvelles filières industrielles. Elles font l’objet d’un soutien fort du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et des Régions à direction socialiste. La transition écologique que nous appelons de nos voeux est une triple exigence : environnementale car les ressources de la planète viennent à manquer, sociale car les inégalités face à la crise écologique frappent d'abord les plus défavorisés, économique car l'économie verte est une source majeure de création d'emplois dans les années qui viennent, qu'il s'agisse de production, de services ou du secteur de l'économie sociale et solidaire.

La planète est un tout : c’est un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Bien sûr, ce phénomène est ambivalent. L’internationalisation des échanges et des entreprises, mais aussi celle des cultures et des technologies, sont potentiellement porteuses de progrès et de développement pour les peuples. Reste que l’émergence de multinationales en apesanteur, financiarisées dans leurs objectifs, fragmentées dans leur capital, délocalisées dans leur production, ainsi que l'action des conservateurs pour désarmer la puissance publique, remettent en cause la souveraineté des Etats et des peuples sur l’économie. Retrouver la maîtrise sur son cours est indispensable. Plusieurs changements ont commencé.

Nous portons depuis vingt ans l’idée d’une véritable taxation sur les transactions financières – nous attirant les sarcasmes de la droite et les foudres des spéculateurs : elle est en passe de voir le jour dans le cadre d’une coopération renforcée en Europe. Elle permettra de renouer avec la souveraineté fiscale et de décourager la spéculation financière.

Nous avons inventé, nous socialistes français, la belle idée du « juste échange », dépassant le débat entre les deux impasses que constituent le libre-échange intégral et le protectionnisme autarcique. Là aussi, que de chemin accompli même s'il y a tant à parcourir encore ! Erigé en dogme inaltérable, le libre-échange sans précaution a accru le phénomène des délocalisations. Il a, de surcroît, entretenu une pression à la baisse sur les salaires et une mise en cause de la protection sociale des pays où le modèle social est le plus protecteur. Au cours des dix dernières années, les délocalisations extra et intra-communautaires se sont multipliées, avec l'abaissement des tarifs extérieurs communs et l'élargissement sans véritable approfondissement de l'Union. Elles ne concernent pas seulement la sous-traitance. Elles touchent l'intégralité des filières, de la conception à l'assemblage, et n'épargnent plus nos bureaux d'études ni nos laboratoires de recherche. Pour les progressistes, si l'Europe veut maintenir un haut niveau de protection sociale dans le futur, elle ne pourra faire l'économie de mesures d'encadrement social et environnemental du libre-échange. Cette idée simple et forte – organiser le commerce mondial dans le respect des règles et des normes sanitaires, sociales et environnementales – de la réciprocité commerciale doit être au cœur du combat multilatéral des prochaines années, notamment de nos discussions avec la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce. Des premiers pas ont été faits :  ce concept figure désormais en bonne place des textes des socialistes et sociaux-démocrates européens et, sous l’impulsion de la France, les conseils européens l'ont repris à leur compte. Et c’est sous l’impulsion du gouvernement français qu’a été engagée une mise sous surveillance par l’Union européenne de l’accord de libre-échange dans le secteur automobile avec la Corée du Sud.

La mondialisation a ébranlé les Etats nations, elle a aussi bousculé l’organisation du travail en leur sein. Le modèle classique des salariés accomplissant toute leur carrière dans la même entreprise est révolu : chacun sait qu’il changera d’entreprise ou de métier plusieurs fois dans sa vie. De cette mutation est née l’idée de créer une sécurité sociale professionnelle – matérialisée par un compte temps formation – qui permettra de reprendre les études interrompues prématurément, de rebondir pendant les périodes de chômage et de garantir à chacun une réelle progression professionnelle. C’est une ambition aussi élevée que celle de la Sécurité sociale au lendemain de la guerre. Nous engagerons également le chantier d'une réforme juste des retraites qui tiendra compte la pénibilité et assurera un financement pérenne du système par répartition.
Autre transformation profonde et durable de nos sociétés : l’aspiration à la reconnaissance de l’autonomie individuelle. Elle n’est pas seulement le contrecoup de l’affaiblissement des solidarités ou des structures collectives sous l’effet de la crise. Elle est le prolongement des sociétés démocratiques où chacune et chacun entend être maître de son destin, ainsi que la conséquence de l’accès aux connaissances, aux opportunités et au monde. Elle nous a amenés à proposer une conception nouvelle de l’action publique conciliant les garanties collectives – sans lesquelles la société vire au conflit de tous contre tous et dont les plus modestes ou les moins instruits sont les victimes – et la personnalisation des droits et des services publics.  C’est le sens de la réforme de l’Education nationale qui vise, à travers les programmes, les rythmes scolaires, les activités périscolaires, la formation des professeurs, à apporter à chaque enfant les réponses les plus adaptées à ses difficultés, mais aussi à ses talents et à ses aspirations. Cette prochaine réforme contribuera aussi à briser le phénomène de reproduction sociale et qui, dans la formation des élites, entrave l’égalité des possibles. C’est aussi, face au défi du vieillissement, la mise en œuvre de modes de prise en charge de la dépendance adaptés à la volonté et à la situation de chacun. Au-delà, c’est penser une société qui permette à chacun non seulement de bien vivre, mais aussi de bien vieillir. Outre la recherche permanente de la meilleure utilisation de l’argent public, là est sans doute l’enjeu le plus fondamental de la réforme de l’Etat dont nous sommes porteurs : rendre les services publics plus attentifs à l’individualisation des situations, plus mobiles à l’égard des aspirations personnelles et plus réactifs aux attentes de l’usager. C’est cette modernisation raisonnée de l’action publique que nous portons.

Cette prise en compte des aspirations individuelles doit aller de pair avec la réaffirmation des devoirs  et d’une morale laïque disant le permis et le défendu : le respect des règles, le respect des autres, qui seuls rendent possibles la sécurité, la laïcité, la lutte contre toutes les discriminations. Et c’est parce que nous voulons rétablir l’exemplarité de l’Etat que nous sommes aujourd’hui les mieux placés pour faire respecter les règles du vivre-ensemble républicain.

En effet, en même temps que l’affirmation des aspirations à la réalisation de l’individu, la société doit pleinement assumer et assurer une exigence d’ordre républicain. L’ordre n’est une fin souhaitable qu’à la condition que sa raison d’être demeure la loi, expression de la volonté générale et le respect des valeurs républicaines. C’est cette exigence qui permet à des individus de faire Société. Ce respect de la République et ses valeurs a un nom : le civisme. Il permet à chacune et chacun, tout en s’affirmant comme individu, de veiller à ne pas entraver la réalisation et l’épanouissement d’autrui.

Enfin, la ghettoïsation de la société, qui n’a cessé de s’aggraver depuis des décennies, est un autre mal français que nous combattons avec détermination. La ville devrait être un lieu de rencontre et solidarité, or l’urbanisme à partir des années 1950 a créé de l’isolement, favorisé l’exclusion et encouragé le repli communautariste. Rien ne serait pire que de nier cette réalité ou encore de faire comme si les violences urbaines, qui culminèrent à l’automne 2005, n'existaient pas. La carte des inégalités sociales tend à se confondre avec celle des inégalités territoriales, à tel point que les politiques sociales deviennent impuissantes si elles ne sont pas accompagnées de politiques urbaines. Pour y répondre, nous avons initié un travail sur la ville du 21ème siècle, une ville dense et intense, où chaque quartier mêle les catégories sociales et les différentes fonctions de la vie : logement, santé, activités économiques, culture, sport. La ville du 21ème siècle que nous voulons sera le produit d'une politique volontariste en faveur de la mixité sociale et territoriale, et elle s'appuiera notamment sur la construction de logements sociaux et le renforcement de la loi SRU. La ville du 21ème siècle, c’est un nouvel art de ville, avec la qualité partout – espaces publics,  logements, équipements – pour un nouvel art de vivre. C’est la voie engagée par le gouvernement depuis le printemps et qu’il faut amplifier, en lien avec les élus locaux et d’abord les maires.
Dans tous les cas, l’émergence au sein de notre société de zones géographiques, dans lesquelles les normes d’accès à la sécurité, à l’emploi, au logement, à la santé et aux activités culturelles et sportives, ne sont plus appliquées comme ailleurs sur l’ensemble du territoire national, n’est pas justifiable. L’acceptation des règles nécessaires au vivre-ensemble – et au bien-vivre-ensemble – réclame qu’elles s’appliquent partout sur le territoire de la République. L’Etat doit en être le garant. C’est particulièrement vrai pour la sécurité dans les quartiers difficiles sans laquelle aucun développement économique n’est possible et aucune action sociale n’est efficace.

Investissement social-écologique, innovation productive, juste échange, services publics personnalisés, urbanisme humain, autorité républicaine sont autant de chantiers majeurs pour les années à venir et qui dessinent les contours de l’après-crise. Ils nous mobiliseront bien au-delà du quinquennat qui s’ouvre. Nous devons en poser les jalons dès maintenant.

Préparer l’après crise, mais aussi, bien sûr, c’est un préalable, réussir la sortie de crise. C’est le sens des priorités claires que nous avons revendiquées, avec les 60 engagements de François Hollande. Ils seront tenus, malgré le lourd passif légué par dix ans d’errements de la droite et dont la gravité a été confirmée par la Cour des comptes.

Quand le pouvoir naturellement choisi par les citoyens trouve la France dans un tel état d’affaiblissement, il faut franchir les marches les unes après les autres. Il fallait d’abord remettre les choses dans l’ordre. La croissance avant l’austérité. La justice dans les décisions. L’apaisement après les divisions. C’est ce à quoi ont été consacrés les premières semaines. Aucun gouvernement de droite n'avait laissé derrière lui autant de boulets, boulet des plans de licenciements, boulet fiscal, boulet social, boulet européen.  Il a donc fallu réparer car beaucoup avait été abimé. Notre pays est à nouveau sur les rails, il faut désormais le faire repartir de l’avant. C’est la deuxième étape, préparée par le Gouvernement pendant l’été, et qui la priorité de la rentrée et des mois à venir.

C’est d’abord le redressement. Les efforts sont à accomplir pour relever la France seront réalisés, sans confondre sérieux et austérité : le redressement sera financier, mais aussi productif, éducatif, social, environnemental. Parce que, pour nous, l’emploi est la priorité des priorités, nous voulons refaire de la France la grande puissance économique qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

Il faudra pour cela remettre la finance au service de l’économie : c’est l’objectif de la réforme bancaire qui passera par la séparation des banques d'affaires et des banques de dépôt, et sur le renforcement des contrôles sur l'activité bancaire, afin de rompre avec la logique de privatisation des profits et de socialisation des pertes qui a prévalu dans les choix opérés par les gouvernements conservateurs en Europe au lendemain de la crise financière de l'automne 2008. Nous engagerons une nouvelle politique industrielle, qui protège et qui innove, qui soutient nos PME et aide à la création d’entreprises, qui investit dans la recherche et les filières d’avenir : le plan automobile a montré la voie. La Banque publique d’investissement régionalisée, dont la création est imminente, en sera le bras armé et l’épargne des Français sera dirigée vers les PME et les filières d’avenir.

Nous devons réarmer la compétitivité économique de notre économie qui s’est considérablement affaiblie ces dernières années, comme le démontre la dégradation de notre balance commerciale, notamment face à l’Allemagne. En période d’équilibres budgétaires difficiles, nécessité s’impose de concentrer l’investissement public : d’une part, dans ce qui peut accroître la qualification et la créativité des salariés, l’éducation, l’enseignement supérieur, la formation; d’autre part, dans ce qui aide les secteurs innovants et les entreprises exportatrices. Il faut pour ce faire repenser la structure des recettes et des dépenses publiques, mais aussi encourager la PME par des mesures attendues et utiles : modulation de l’impôt sur les sociétés plus favorable aux petites entreprises qu’aux grands groupes, réorientation du crédit impôt, recherche vers les entreprises innovantes, meilleur accès à la commande publique, réseau de compétences et de solidarités pour les entreprises de la sous-traitance avec les grands donneurs d’ordres, stabilité règlementaire et fiscale.
Il nous faut dans le même temps soutenir l’emploi des jeunes : nous le ferons à travers les 150 000 emplois d’avenir – première loi de la session extraordinaire au Parlement – et les 500 000 contrats de génération qui seront prochainement examinés à l’Assemblée nationale et au Sénat et dont la mise en place s’engagera d’ici la fin de l’année. Nous voulons aussi combattre les licenciements abusifs : nous légiférerons, après la consultation des partenaires sociaux en cours, pour y parvenir efficacement.

Sécuriser les parcours professionnels est un principe que nous défendons depuis plusieurs années. Pour le concrétiser, nous agirons tous azimuts : des sur-cotisations sur les CDD et l’intérim pour réduire la précarité ; le développement de la mobilité, protégée par des accords d’entreprises ; le recours au chômage partiel dans les périodes de difficulté, en renforçant les compléments de formation pendant ces périodes ; en cas de licenciements collectifs, l’extension de la négociation collective avec les syndicats au-delà de la simple information, pour, notamment, la faire porter non seulement sur les possibilités de reclassement interne, mais aussi sur les alternatives économiques internes et externes.

Redonner du pouvoir d’achat est, avec l’emploi, l’autre impératif catégorique. Nous avons déjà commencé à agir avec la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire, un premier coup de pouce au Smic, le blocage des loyers dans les zones de forte spéculation, les mesures substantielles prises en faveur de la baisse des prix du carburant. Nous poursuivrons en nous attaquant à cette longue et rude tâche qu’est la réforme profonde de notre système fiscal dont chacun reconnaît l'injustice sociale, l'inefficacité économique et l'opacité pour nos concitoyens. Dans les outre-mer, que la droite a abandonnés durant ses dix années au pouvoir, il faudra lutter contre le chômage de masse, réduire la vie chère et porter une ambition d’excellence pour la jeunesse qui aspire légitimement à l’égalité réelle.

Nous avons besoin pour réussir d’un Etat présent et réactif, plus proche du terrain. Une vraie décentralisation, avec les financements correspondants, simplifiant l’écheveau des interventions publiques, leur nature et leur nombre. Un dispositif axé sur la décision locale, exercée dans le cadre de principes nationaux de solidarité, serait plus efficace pour accompagner celles et ceux qui éprouvent les mutations économiques et définir les appuis en termes de revenu et de reconversion.

Une politique de croissance tournée vers l’avenir doit évidemment intégrer les impératifs écologiques. Ce ne sont pas des charges ou des investissements à perte. Economiser l’énergie, réduire les émissions polluantes, investir dans les énergies renouvelables et les technologies propres, retraiter les déchets, mieux s’alimenter, sont des actions qui créent des emplois et peuvent être rentables mais qui améliorent grandement la santé et la qualité de la vie. Il faut utiliser, à la fois, la réglementation et l’incitation pour réconcilier la politique industrielle et les objectifs écologiques.

Le redressement sera aussi européen. Après d’innombrables « sommets de la dernière chance » qui n’ont pas pris la mesure des problèmes et n’ont fait qu’aggraver l’austérité, le sommet européen des 28 et 29 juin dernier a marqué un tournant. Ce n’est évidemment qu’une première étape. Ce n’est pas d’un seul coup l’Europe dont nous rêvons. Mais ce qui a été obtenu se révèle d'ores et déjà décisif.

Décisif par les progrès qu’il permet. La croissance d’abord, avec 120 milliards d’euros pour soutenir une économie durable, écologiquement responsable et riche en emplois : grand plan européen sur les transports collectifs, programme continental de rénovation thermique des logements, stratégie européenne pour le véhicule propre et le recyclage ; énergies renouvelables. Les projets ne manquent pas. Une première étape vers l’union bancaire ensuite, avec la supervision bancaire européenne. Et la création dès 2013 de la taxe sur les flux financiers que nous réclamions depuis quinze ans dans toutes les motions de tous nos congrès. Dans le même temps, il a été établi définitivement par le Conseil constitutionnel que le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein de l’Union européenne (TSCG) ne justifiait pas une révision de la Constitution : les objectifs européens de finances publiques relèveront d’une loi organique, c’est-à-dire des procédures de décision et d’exécution budgétaires nationales, donc du Parlement. Le traité Merkel-Sarkozy, c’était l’austérité ajoutée à l’austérité. Désormais, avec François Hollande, l’Europe, c’est la croissance ajoutée au sérieux.

Il est essentiel d’engranger le « paquet relance » négocié par le Président de la République pour obtenir les avancées que nous voulons pour demain.

Franchir cette étape et aider le Gouvernement dans sa politique européenne, c’est rendre possibles les étapes suivantes qui font le sens de notre engagement socialiste pour une autre Europe :
- un mécanisme abouti de financement des dettes souveraines qui stoppe définitivement la spéculation. Un premier pas a été réalisé avec la possibilité pour le Mécanisme Européen de Solidarité (MES) de recapitaliser directement les banques et par le rachat par la BCE de titres de dette des Etats les plus fragiles. Il faut aller plus loin en accordant au MES une licence bancaire qui lui ouvrira l'accès aux financements de la BCE, préalable à une mutualisation des dettes publiques sous la forme d'Eurobonds.

- l'union bancaire pour mieux réguler le secteur financier et protéger les épargnants : au-delà de la supervision, l'objectif est d'intégrer à l'échelon européen la législation applicable aux banques. Compte tenu du rôle des agences de notation privées, l'heure est clairement venue de mettre en place une agence publique et européenne de notation de crédit.

- une banque centrale européenne qui intègre des objectifs de croissance et d’emploi à côté de la stabilité des prix.

- une mobilisation générale de l'UE pour la création d'emplois, notamment pour les jeunes. Plusieurs champs d'action sont à investir : développer le programme « Erasmus pour tous » ; proposer à tous les jeunes, dans les quatre mois qui suivent la fin de leur scolarité, un emploi ou une formation de qualité ; définir un cadre commun et exigeant en matière de stages et d'apprentissage ; mettre en réseau les services européens en matière d'emploi afin de fournir aux demandeurs d'emploi un service plus efficace, plus transparent et plus favorable à la mobilité.

- une harmonisation des fiscalités qui empêche la concurrence déloyale à l’intérieur de l’Europe : rapprochement des taux de l'impôt sur les sociétés ; la définition d'un cadre législatif et réglementaire partagé en matière de salaire minimum, de temps de travail, de droit du travail pour les travailleurs temporairement embauchés dans un autre Etat membre, assurance chômage européenne, etc.
- le soutien à l'éducation et à la culture : en encourageant l'apprentissage des langues des autres Etats et en donnant un nouveau souffle aux jumelages entre collectivités locales et établissements scolaires de l'Union ; en instituant dans les programmes scolaires l'histoire de l'Europe ; en développant la création artistique et numérique – par exemple avec la mise en oeuvre d'un Centre européen du cinéma sur le modèle du CNC français qui a fait ses preuves, ou encore avec la numérisation du patrimoine culturel européen.
- des règles de concurrence qui n’empêchent plus la constitution de grands champions européens et qui protègent les services publics .

- la réciprocité commerciale pour protéger nos entreprises, nos emplois, nos savoir-faire, nos brevets contre les pratiques déloyales des autres continents. Elle doit être de rigueur dans l’attribution des marchés publics dont l’accès doit être interdit aux Etats qui ne respectent pas les libertés publiques et syndicales, qui ne reconnaissent pas l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique ou qui ferment leurs propres marchés aux Européens. La réciprocité, c'est aussi pénaliser le non-respect des normes sanitaires et environnementales européennes ; instituer une taxe carbone aux frontières de l'Union pour protéger nos entreprises soumises aux normes environnementales et permettre à l'Union de respecter ses objectifs de réduction des émissions de gaz a effet de serre a l'horizon 2020, préserver les services publics, en réformant la directive « services ».

- un véritable gouvernement économique de la zone euro, capable de promouvoir une croissance durable et de créer des emplois, conjugué à un renforcement des pouvoir du Parlement européen face à la Commission.

L’action européenne ne sera légitime et comprise par les citoyens que si cette réorientation des politiques se met en œuvre et qu’elle s’accompagne d’un approfondissement de son fonctionnement démocratique. L’Europe souffre non pas d’un excès, mais d’un déficit de politique et de démocratie. L’Allemagne a fait des propositions, à nous de porter les nôtres, pour le Parlement, pour la Commission, pour l’élection éventuelle d’un Président de l’Union. Parce que nous avons besoin d’Europe pour reconquérir la souveraineté face aux marchés et à nos dettes, il faut une autre gouvernance, plus démocratique, pour l’Union Européenne. Cela suppose de donner une légitimité démocratique à la Commission par la désignation d’un candidat social-écologiste lors du renouvellement de sa présidence, porte-parole du projet européen des socialistes et garant de la méthode communautaire. Cela passe aussi par l’organisation des relations entre les Parlements nationaux et le Parlement européen, de renforcement de leurs rôles perspectifs et conjoints dans les décisions économiques et monétaires.

Cela impliquera aussi de répondre à des questions majeures sur les différents cercles d’adhésion, sur le niveau du budget communautaire qui doit enfin disposer d’une vraie force d’intervention ou sur le fonctionnement des institutions à rapprocher des citoyens. Le principe général est clair : chaque pas en avant vers plus de solidarité impliquera le respect de principes d’action partagés  et un surcroît de contrôle démocratique. Et les Etats euro-volontaires, qui souhaitent agir ensemble plus vite et plus loin, doivent pouvoir le faire.

Les socialistes seront plus forts, si leurs propositions sont d’abord débattues avec les autres partis socialistes européens, au premier rang desquels le SPD allemand, et présentées ensuite, si possible, au nom de tous. Tout comme l’Europe sera plus forte si les moyens donnés aux citoyens sont renforcés pour bien la comprendre, mieux se l’approprier et davantage participer à son fonctionnement. L’Europe a changé de direction. Il reste beaucoup de combats à mener pour qu’elle redevienne une grande idée et pas seulement un grand marché. Nous les mènerons.


Le chemin du redressement, nous l’emprunterons avec une exigence permanente de justice. Elle sera remise au cœur des décisions, en commençant par la justice fiscale : la TVA Sarkozy sera supprimée, les plus gros patrimoines et les plus hauts revenus seront sollicités, le capital contribuera au moins autant que le travail. Les classes populaires et moyennes seront prioritairement protégées, tout comme les PME et les TPE. Justice sociale aussi, amorcée par la retraite à 60 ans pour les salariés qui ont exercé les carrières les plus longues. Justice territoriale, avec un nouvel acte de la décentralisation dont la première illustration réside dans le pacte de croissance et de solidarité signé entre l’Etat et les Régions. Là aussi, le chemin est clairement tracé, qui consistera à octroyer plus d’autonomie et plus de responsabilités aux collectivités territoriales – notamment aux Régions et aux intercommunalités –, à simplifier leurs relations et leurs compétences, à garantir la péréquation entre les territoires et en leur sein, à donner aux acteurs sociaux et aux citoyens une plus grande capacité d’évaluation et de participation. Justice en tant qu’institution : nous garantirons l’indépendance de tous les magistrats et de tous les tribunaux. Déjà, le Gouvernement n’intervient plus dans les dossiers individuels. Mais nos concitoyens attendent aussi que l’accès à la justice de proximité soit facilité, c’est-à-dire simplifié et accéléré. De même qu’ils souhaitent que les peines prononcées soient effectivement exécutées et les prisons conformes à nos principes de dignité.

Le redressement de la nation suppose le renforcement de la puissance publique. Chaque jour le démontre : dix années de gouvernement de droite ont considérablement fragilisé, voire détruit des pans entiers tant de l'appareil d'Etat que nombre de services publics. Notre responsabilité, pour les années qui viennent, sera de réinventer l'Etat et de redonner à la puissance publique la capacité d'agir. Pour faire prévaloir les principes républicains. Pour assurer l'application de la loi, ce qui revient souvent à protéger les plus faibles contre ceux qui s'en remettent avant tout au jeu des marchés et que seule la préservation de leur rente préoccupe. Pour veiller à l'équilibre des territoires en luttant contre les inégalités territoriales.

Le redressement dans la justice, c’est aussi le levier du progrès retrouvé. Aujourd’hui, les Français sont inquiets et même angoissés. Ils attendent de ceux auxquels ils ont confié leur destin qu’ils suivent le chemin qu’ils leur ont proposé pour sortir de la crise, sans se préoccuper des polémiques entretenues par l’opposition ni pas le bruit médiatique. L’aspiration commune et le lien entre les générations, les situations, les territoires, les origines résident dans la possibilité que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, et d’abord pour la jeunesse. Il n’y pas de société qui tienne sans cet espoir, il n’y a pas de France sans ce rêve français. C’est la conviction magnifique portée par François Hollande lors de l’élection présidentielle. A nous, autour du Président de la République et du Premier ministre, de la mettre en actes. Ainsi serons-nous fidèles à notre histoire et aux militants qui nous ont précédés. C’est l’attachement à la justice, la marque du socialisme démocratique. Etre de gauche aujourd’hui, c’est faire tomber une à une les barrières qui maintiennent l’ordre établi, celui des puissances d’argent, contre la démocratie et le droit de chacun d’être reconnu comme une personne qui n’a pas de prix parce qu’elle a une dignité. Chaque fois que la gauche exerça le pouvoir national, les droits individuels et les libertés publiques progressèrent. Le quinquennat qui est engagé marquera de nouvelles avancées : égalité entre les femmes et les hommes, droit au mariage et à l’adoption pour tous les couples, droit d'achever sa vie dans la dignité, mais aussi nouvel acte de l’exception culturelle française, non-cumul des mandats, part de proportionnelle aux élections législatives, droit de vote pour les étrangers en situation régulière aux élections municipales. L’honneur de conduire la nation n’est pas séparable de la volonté d’être nous-mêmes : des républicains qui veulent réenclencher la marche du progrès.

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