mardi 25 septembre 2012

II - Réussir le changement, c'est mobiliser la société

Notre pays a besoin d’un cap clair pour l’immédiat comme pour le long terme. Il a besoin d’une mobilisation de toutes ses forces vives. Ce défi est celui de la démocratie elle-même. Encore faut-il la concevoir dans toutes ses dimensions : démocratie politique donc représentative bien entendu, mais aussi démocratie sociale, économique, culturelle, territoriale, bref citoyenneté active et participative. La démocratie jusqu’au bout à laquelle aspirait Jaurès, voilà plus d’un siècle, est une invitation à l’audace et au partage : l’audace de rendre possible ce qui ne l’était pas, le partage du pouvoir avec les citoyens, les partenaires sociaux, les créateurs, les autres Etats européens, la communauté internationale et ses acteurs.

Pour nous, redisons-le, la démocratie est d’abord représentative. Qu’elle soit en crise ne doit pas être caché – sinon pourquoi tant de nos concitoyens ne se rendent-ils pas aux urnes ? Mais cette lucidité ne doit pas susciter des lamentations, mais une mobilisation, celle qui doit permettre de redonner son crédit et sa grandeur à la représentation du peuple. Cette mobilisation nous rassemble et trouve un large écho par-delà les clivages partisans.

Rompre avec les années Sarkozy, celles d’un seul homme qui décidait de tout, tout le temps et pour tous, était un préalable.
Son Premier ministre n’était qu’un « collaborateur », ses ministres sous tutelle des conseillers à l’Elysée, le Parlement une chambre d’enregistrement. La justice devait obéir aux ordres du pouvoir politique et les médias, ne pas fâcher celui-ci. Ce temps est révolu. Nous avons retrouvé une pratique normale des institutions, avec un Président qui préside et un Premier ministre qui gouverne réellement, une indépendance des médias et de la justice respectée. Durant le quinquennat, de grandes réformes inscriront ces évolutions dans notre droit : réforme du statut pénal du chef de l’Etat, renforcement des pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement notamment sur les nominations, réforme du Conseil supérieur de la magistrature et des règles de nomination et de déroulement de carrière des magistrats.

Redonner confiance dans la politique suppose aussi le rassemblement.

Nous savons bien que sans lui, rien n’est possible. Il n’est jamais acquis, il faut donc en permanence le vouloir et le consolider. Le rassemblement des socialistes est le préalable : comment pourrions-nous convaincre nos partenaires à gauche et plus largement les Français de se retrouver autour d’un dessein commun si nous-mêmes cédons aux forces de la dispersion ou de la division ? Le rassemblement, c’est aussi celui, indispensable, de la gauche et des écologistes. Elections municipales, élections régionales, élections cantonales, conquête du Sénat furent le ciment de nos victoires présidentielles et législatives. Celles-ci seront le socle de nos succès futurs. Plus grande est notre force du moment et plus large doit être notre hospitalité à l’égard de la gauche dans sa diversité. Le débat est nécessaire, autant que la responsabilité et la solidarité. Laissons à la droite le caporalisme, cette gouvernance d’un autre âge, mais privilégions, à gauche, la cohésion par la cohérence, celle que confère à chacune de nos décisions la mise en œuvre du pacte présidentiel que François Hollande a noué avec les Français. Les Français aiment que la gauche discute, pas qu’elle se dispute. Ils l’aiment diverse, pas adverse : telle est la ligne de crête que chacun doit respecter. Aussi sera-t-il nécessaire, au lendemain du Congrès de socialistes, de définir le cadre et les modalités d'un comité de liaison avec les formations partenaires de la majorité présidentielle.

Nous devons aussi œuvrer au rassemblement des socialistes et des sociaux-démocrates européens.
Si nous considérons que l’Europe vaut mieux qu’un vaste marché sans règles, alors nous devons l’organiser pour qu’elle soit cohérente à l’intérieur de ses frontières et puissante en dehors. C’est un immense chantier pour le Parti socialiste qui a été engagé ces dernières années. Il supposait de développer des convergences avec nos principaux voisins : nous avons signé un accord programmatique décisif avec le SPD et d’autres devront suivre dans le futur, avec le PSOE espagnol, avec le PD italien ou encore le Parti travailliste britannique.

Autre impératif : doter le PSE d’un socle idéologique. C’est chose faite avec la déclaration de principes adoptée en 2011. Dans la crise, il fallait concevoir des réponses communes, efficaces et innovantes. Plusieurs sont en passe de voir le jour, malheureusement avec un retard coupable dû à l’immobilisme et au dogmatisme de la droite européenne. Le mécanisme européen de stabilité (MES), la taxe sur les transactions financières, les  « project bonds », à chaque fois, les conservateurs européens écartaient nos propositions d’un revers de main, pour finalement s’y rallier. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Union a si souvent, depuis le déclenchement de la crise, répondu si peu et si tard. Nous avons beaucoup d’autres batailles à gagner, celles de la réorientation et de la réactivité de l’Europe. Faisons progresser ces idées au sein du PSE et notamment lors son congrès de l’automne.

Préparons-nous aussi dès maintenant au grand rendez-vous des élections européennes : il est majeur. Fixons-nous pour objectif l’élaboration, avec nos partenaires, d’un projet commun des socialistes européens. Il pourrait se matérialiser en un document sur lequel se prononceraient tous les citoyens de l’Union le même jour : se constituerait ainsi une force populaire capable de faire refluer le torrent du populisme. Nous présenterons un candidat commun à tous les socialistes européens pour la présidence de la commission européenne. Au lendemain de notre Congrès de Toulouse, nous proposerons au PSE que soient organisées des Assises du changement en Europe,  auxquelles chaque formation nationale, ses militants et ses sympathisants, seront invités à contribuer et dont la synthèse constituera notre projet partagé pour l’échéance de 2014.

Dans cette perspective, le Parti socialiste français et ses militants doivent être à l’initiative. Nous consacrerons les moyens nécessaires à cette priorité. Chaque secrétaire national développera la dimension européenne de son action en liaison avec le PSE. Nous agirons pour développer le militantisme européen, même si nous pouvons déjà nous réjouir de l’implication du PS : près de la moitié des « activistes » du PSE sont français. Nous encouragerons les échanges – jumelages, campagnes communes, groupes de recherches... – entre nos fédérations et celles de partis frères.

Mais il ne peut y avoir de réformes durables et justes sans mettre la société en mouvement. Le Parti socialiste trouvera un appui dans les corps intermédiaires et l'expertise sociétale afin de renforcer la démocratie à tous les échelons et il s'efforcera d'associer les citoyens à la prise de décision, notamment dans la gestion des villes et des territoires. Et bien sûr, il y a le rôle indispensable du mouvement social. Il est à l'origine des plus grandes avancées sociales de la République. Ce fut le cas en 1936 ou en 1968. Pour cette raison, le mouvement social est l'allié de la gauche face à la droite, mais aussi face au monde de la finance.
Cela commence par l’écoute, le dialogue, la concertation et la négociation. C’est notre culture autant que la condition de la réussite. Nous, nous sommes heureux de débattre avec les syndicats et les associations, alors que M. Sarkozy les a montrés du doigt, en prononçant des paroles que jamais un Chef de l'Etat n'aurait dû prononcer.

Il est impératif de conforter les acteurs sociaux. En les associant aux grandes orientations économiques et sociales du quinquennat – emploi, formation, rémunération, égalité professionnelle, redressement productif, retraites, financement de la protection sociale – comme ce fut le cas à la conférence sociale en juillet dernier, méthode prolongée lors des négociations qui en découlent. En intégrant des représentants des salariés dans les conseils d’administration et dans les comités de rémunération des grandes entreprises. En développant le dialogue social, à tous les niveaux, y compris territorial.

Renouveler la démocratie sociale amène à reformuler clairement la question de l’entreprise. Favoriser une organisation optimale des entreprises exige que soit encouragé un esprit collectif qui donne toute sa place au travail. Trois instruments de réforme peuvent pour cela être mobilisés. D’abord, un nouveau droit de l’entreprise pour permettre aux représentants de salariés de siéger au Conseil d’administration ou au Conseil de surveillance, le pouvoir exécutif étant confié à un directoire choisi pour ses seules compétences. Ensuite, un système de mutation sociale, avec des agences indépendantes, qui crée de la transparence et peut légitimer une pratique de « bonus et de malus ». Le dernier instrument relève de la fiscalité des entreprises, qu'il faut repenser, simplifier et stabiliser, en sachant pénaliser les mauvaises pratiques et favoriser les bonnes. C’est un grand chantier et les débats seront vifs. Mais la possibilité d’enraciner les principes de la démocratie sociale le mérite.

Conférence sociale mais aussi conférence environnementale, consultation sur l’éducation, assises de la recherche, décentralisation : le dialogue est aujourd’hui partout et avec tous, syndicats, associations, ONG, collectivités locales. Avec les partis politiques représentés au Parlement, aussi, qui ont été reçus par le Président de la République en amont des sommets du G20 et de Rio+20.

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