mardi 25 septembre 2012

III- Réussir le changement et l’inscrire dans la durée, c’est préparer les idées et les équipes de demain

En 2012, les socialistes sont de nouveau aux responsabilités du pays. Pour la première fois depuis un quart de siècle, l’un des nôtres a été élu Chef de l’Etat. Les questions qui nous sont posées sont nécessairement différentes de celles des récents Congrès.

En même temps, nous devons rester nous-mêmes. Parce qu’il n’y a pas un comportement pour acceptable dans l’opposition et un autre préférable dans la majorité. Parce qu’il n’y a pas à séparer la théorie et la pratique, le dire et le faire. Enfin, parce que les ressorts qui ont permis la reconquête doivent être consolidés pour que réussisse l’alternance.

Entre le parti, le gouvernement et nos groupes parlementaires, le dialogue doit être permanent et reposer sur trois mots d’ordre qu'il revient à chacun de faire vivre en un même mouvement : soutenir, agir, innover. Soutenir car nous sommes solidaires de la politique menée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Agir car la force intellectuelle, militante et territoriale que constitue le Parti socialiste est un atout pour la gauche et pour la France. Innover dans nos réponses aux défis du pays et aux aspirations et aux inquiétudes des Français, et d’abord des catégories modestes et des classes moyennes, ainsi que des producteurs – ouvriers et employés, agriculteurs, professeurs, ingénieurs, mais aussi entrepreneurs, artisans, commerçants.
La mise en œuvre de ce programme est d’autant plus indispensable que la droite s’est engagée, notamment à l’échelon local, dans un dangereux rapprochement avec les thèses du Front national et qu’elle dispose aujourd’hui encore de relais puissants et d’intérêts d’argent que seul anime l’esprit de revanche.
Oui, pour nourrir le Gouvernement, pour servir la gauche, le Parti socialiste doit demeurer un espace de débats d'idées et d'ouverture à la société. Les socialistes ont été suffisamment meurtris par le 21 avril 2002 pour savoir que c'est une condition essentielle de la réussite des élections intermédiaires et surtout de la préparation de 2017.

Nous devons mener et gagner la bataille des idées : c’est la condition même d’une alternance réussie.

L'alternance a déjà fait bouger les lignes. A l’échelle européenne, c'est particulièrement visible : plusieurs Etats membres ont utilisé la victoire de la gauche dans l’Hexagone pour affirmer leur préférence pour la croissance plutôt que pour l’austérité, et pour s’engager dans le sillon tracé par François Hollande. En France, lors des élections présidentielle et législatives, le rassemblement autour des valeurs de la République et la confiance pour redresser le pays dans la justice l’ont emporté sur la volonté de diviser les Français et d’aligner notre pays sur les canons du conservatisme libéral-autoritaire. Reste une réalité : l’effort doit être conforté et amplifié dans une France qui souffre. Parce que les effets de la crise sont profonds et douloureux. Mais aussi parce que le président sortant a réuni un peu plus de 48 % des suffrages avec un bilan accablant en matière d'emploi et de finances publiques, et à l'issue d'une campagne sans programme chiffré qui a essentiellement reposé sur la remise en cause de Schengen et de l’ouverture au monde, la stigmatisation des jeunes, des chômeurs et des fonctionnaires, la confusion et l'amalgame orchestrés entre insécurité, immigration et islam. Autres signaux inquiétants : les scores du Front national et le fort taux d’abstention aux législatives.

Nous avons su considérablement moderniser nos discours, nos propositions et aujourd’hui notre pratique gouvernementale. Un parti n’est vivant que s’il est pleinement ouvert à la société, continûment en prise avec son temps, qu'il en décrypte les caractéristiques et qu'il en saisit les difficultés, qu'il est effectivement en phase avec un contexte politique est forcément mouvant.

Notre grand défi a été de renouer le dialogue et la confiance avec le peuple français. En l’emportant dans ces scrutins de 2012, nous avons démontré la réussite de cette méthode qu’il nous faut à présent pérenniser dans l’exercice des responsabilités. Pour cela, nous devons continuer à écouter et répondre sans complexe aux défis que vivent au quotidien les millions de Françaises et de Français.

Ces dernières années, la réflexion a été posée au cœur de notre reconstruction, avec tous ceux qui pensent la société, qui innovent, qui inventent. C’était une autre leçon de 1981 : la gauche n’est elle-même que lorsqu’elle est en résonance avec les forces de la culture et de la création, avec les acteurs de la société. Le miel programmatique ne peut provenir que d’un parti-ruche. Ce fut le lien renoué avec les associations, le mouvement mutualiste et de l’éducation populaire, les organisations étudiantes et de jeunesse, les chercheurs et les universitaires, les artistes, les intellectuels, mais aussi les organisations syndicales et les représentants des entreprises. Ce fut l’apport décisif du Laboratoire des idées. Ce fut celui du Comité économique, social et culturel (CESC). Ce travail collectif – longtemps moqué par la droite ou ignoré par les médias – fut le ciment de nos victoires en 2012. Le préserver, le développer notamment dans sa dimension régionale, est le talisman des victoires futures.

La bataille des idées, c’est la bataille contre la crise et pour l’après-crise. Les politiques publiques mises en œuvre ne se réduisent pas à des actes de résistance : elles posent les jalons d’un rebond. La contribution des revenus du capital à l’effort de redressement n’est pas seulement une source de financement quand les ressources se font rares : elle préfigure un autre partage de la richesse, plus favorable aux salariés. De même, la mise en œuvre de tarifs progressifs de l’eau et de l’énergie est une source immédiate de pouvoir d’achat pour les ménages, mais elle est aussi un levier d’économies pour ces ressources vitales et rares. Reste que dans l’exercice des responsabilités, la temporalité du politique est le présent et bien souvent l’urgence : cette réactivité est exigée à juste titre par nos concitoyens. Il faut donc maintenir le besoin de penser le temps long, de ne pas se laisser capturer par l’instant, et pour y parvenir, disposer de lieux pour anticiper les idées de demain et les débats d’après-demain. Car l’objectif n’est pas seulement de combattre la crise économique, mais de rendre possible le nouveau modèle de civilisation, plus humain et moins marchand, plus soucieux d’être que d’avoir, qui est l’horizon même de notre engagement socialiste et internationaliste. Les enjeux sont connus : l’écologie productive, la science du vivant en même temps que sa préservation éthique, l’aspiration à l’accomplissement individuel dans un cadre collectif et le respect de l’intérêt général, la prise en compte des aspirations sociétales qui ne saurait épuiser la question sociale dans sa totalité, le besoin d’autorité dans une société de libertés, le dialogue entre les cultures et l’universalité des valeurs démocratiques en général et de la laïcité en particulier.

Plus que jamais, le Parti socialiste doit être porteur et apporteur d’idées. En 2012, nous l’avons vérifié : l’intelligence est collective. Convention après convention, forum après forum, nous avons su élaborer ensemble les réponses aux enjeux du présent et du futur. L’adoption à l’unanimité de notre projet a consacré ce travail et offert un socle doctrinal et programmatique dans lequel François Hollande a pu puiser pour bâtir son projet présidentiel. Il faut maintenant prolonger cet élan. Nous organiserons au moins une convention nationale chaque année, mobilisant toutes les énergies du parti.

Préparer les idées de demain, mais aussi permettre au Parti socialiste d’être à l’unisson de la société française.

Il nous faut nous ouvrir davantage encore à elle. Nous avons su le faire magnifiquement avec nos primaires citoyennes, qui ont été à l’origine d’un vaste mouvement populaire qui a accompagné notre candidat jusqu’à la victoire. Un enjeu majeur pour notre Parti, dans les années à venir, sera d’agréger ces millions de femmes et d’hommes autour de nous pour changer la société avec nous. Dans cet état d’esprit, il sera recommandé à chacune de nos sections de mettre en place des structures plus souples ayant pour vocation de rassembler les sympathisants des primaires et au-delà afin, notamment, de préparer les prochaines échéances.


Le Parti socialiste doit rester un parti de militants. Ils ont de grandes responsabilités pour déterminer les orientations politiques et choisir des candidats qui porteront nos couleurs et nos valeurs devant le suffrage universel. Ils ont également la tâche d’associer le plus de citoyens possibles à leur action politique sur le terrain.

La formule des primaires citoyennes a été un succès. Elle a donné à notre candidat une légitimité forte et un élan politique, elle a servi le rayonnement du Parti, elle a élargi considérablement le cercle des sympathisants de nombreuses sections. Les pistes ne manquent pas : faire participer nos sympathisants à nos débats de conventions thématiques ; engager dans le prolongement de notre congrès des « ateliers du changement » ouverts aux citoyens, et d'abord à ceux qui ont participé aux primaires citoyennes, afin de rendre compte des premiers mois d'action et de mettre en débat de nouvelles idées pour éclairer la suite de la législature ; instaurer une période de débat ouvert dans des assemblées et dans des consultations sur notre site Internet pour élargir la démocratie.

Mais nous devons aussi élargir le cercle de notre famille. Il faut pour cela inventer de nouvelles formes de militantisme pour des femmes et des hommes qui, sans vouloir franchir le pas de l’adhésion, ne demandent qu’à s’impliquer à nos côtés, à condition que nous soyons capables de nous ouvrir à eux. Un Parti ouvert sur la société, c’est un Parti qui consulte et associe ses sympathisants en amont des décisions. C’est un Parti qui développe des consultations publiques par Internet, pour soumettre nos propositions aux Français. C’est un Parti qui organise de grands débats de société auxquels tous les citoyens sont associés. C’est un Parti qui investit les réseaux sociaux et donnant à chaque militant les moyens d’y prendre part pour se faire ambassadeur de nos idées. C’est la pérennisation de nos porte-à-porte en dehors des périodes de campagne. C’est aussi demander aux militants de s’engager dans tous les corps intermédiaires de la société – syndicats, associations, ONG… – et dans les entreprises.

Ramener à la politique les Français qui s’en sont éloignés doit être notre objectif des prochaines années. Nous devons convier les Français à de grands débats qui répondent bien sûr à leurs attentes individuelles du quotidien – sur l’emploi, le logement, la santé, sur l’éducation, la sécurité, les transports –, mais qui permettent aussi de réfléchir et tracer avec eux à notre avenir commun : débats sur nos valeurs, sur le vieillissement et la fin de vie, sur notre relation au vivant, sur notre rapport à l'entreprise, sur l’organisation de nos villes et de nos territoires pour bien vivre ensemble, sur l'identité républicaine de la France, sur notre vision du monde et la solidarité avec les pays qui attendent beaucoup de la France comme l’Afrique et cette belle ambition de construire un ensemble euro-africain, etc. Nous l’avons vérifié dans tous nos contacts avec les Français, quand on place le débat à ce niveau d'exigence démocratique, les Français sont au rendez-vous. A l’écoute de la société, ouverts sur la société, ancrés dans la société, projetant la société dans l’avenir : voilà comment nous réconcilierons durablement les Français et la politique.

Etre à l'unisson de la société française, c'est continuer d'agir pour l'égalité femmes-hommes. C'est un devoir de justice, mais aussi un puissant levier de transformation de la société. Nous considérons qu’il est impératif d’agir dans tous les champs de la société : pour l’égalité professionnelle, la parité, l’éducation à l’égalité, la déconstruction des stéréotypes sexistes, le droit à disposer de son corps, et contre les violences sexistes.

Nous en sommes convaincus, l’égalité entre les femmes et les hommes est la garantie de la liberté, de l’émancipation individuelle, et du progrès collectif.

Ce changement vers l’égalité entre les femmes et les hommes, pour nous, commence au sein du Parti socialiste. Le Président de la République et le Premier ministre ont donné l’exemple avec la constitution du premier gouvernement paritaire de l'histoire de la République. La direction du Parti, et d'abord le Secrétariat national – le gouvernement du Parti –, sera paritaire.

Un ou une Secrétaire national adjoint-e à la parité sera nommé-e auprès du Secrétaire national aux élections, afin de préparer la mise en œuvre de la parité aux différentes élections. Nous serons également garants de la parité au sein de toutes les instances du Parti, tant au niveau fédéral que national. Afin d'accompagner ce changement profond, une formation nationale sera organisée chaque année sur l’égalité femmes-hommes à destination des Premiers fédéraux et Premières fédérales, les secrétaires de sections et les secrétaires fédéraux et fédérales.

Etre à l’unisson de la société française, c’est préparer une nouvelle génération de responsables politiques représentative de la diversité de notre pays. C’est l’enjeu de la démocratie représentative même : que le Parti socialiste, sans verser dans le mythe du parti-miroir, soit à l’image de la société dans sa diversité.

A cet égard, la question du non-cumul des mandats est fondamentale. C’est l’une des conditions du renouvellement des générations et de l’ouverture des fonctions électives aux citoyens dans toute leur diversité. Si – contrairement à la droite – nous avons accompli d'importants progrès en matière de parité aux dernières élections législatives, si nous avons progressé dans la représentation de la diversité, nous le devons aux règles de non cumul que nous nous sommes appliquées à nous même au sein de notre parti, avant même le vote d’une loi. Il suffit de regarder a contrario ce qui s’est passé à droite pour s’en convaincre.
Nous voulons aller jusqu’au bout des engagements pris devant les Français eux-mêmes issus de décisions prises par les militants. En appliquant de manière déterminée nos règles internes de non-cumul et en les étendant par la loi à tous les élus de la République. En mettant en œuvre de manière tout aussi déterminée un véritable statut pour les élus dont le dévouement et l’engagement sont souvent synonymes de sacrifices personnels. En introduisant une part de proportionnelle aux élections législatives. En durcissant les sanctions contre les partis qui n’appliquent pas la parité – autrement dit, en les privant d’une part de la dotation publique plutôt qu’en leur permettant, comme c’est le cas aujourd’hui, de s’exonérer de la parité en payant des amendes. En modifiant également le mode de scrutin des conseillers généraux afin de permettre là aussi la progression de la parité et du renouvellement.

Le renouvellement devra aussi concerner les responsables de notre parti en décidant de nouvelles règles : par exemple, en limitant dans le temps le nombre de mandats de Premier secrétaire national ou de Premier secrétaire fédéral, ou encore en limitant effectivement les cumuls de responsabilité de Premier secrétaire fédéral avec certains mandats électifs.

Préparer les équipes de demain, c’est faire du secrétariat national un vivier constitué de jeunes élus locaux et de parlementaires.

Enfin, le renouvellement, c'est aussi l'inlassable volonté de démocratie interne. Y participera la création d'une Haute Autorité de règlement des conflits. Les difficultés rencontrées par certaines fédérations dans la période récente ont démontré la nécessité de disposer d’une instance reconnue comme impartiale qui assure le bon fonctionnement des instances et règle les différends. A l’image de celle qui a garanti le succès des primaires, les socialistes ont besoin d’une Haute autorité de règlement des conflits, reconnue par tous les socialistes dans leur diversité. Ils ont besoin d’un comité de personnalités représentatives, légitimes, dont le recours garantisse, aux yeux de tous, le fonctionnement démocratique du Parti. Ils ont besoin d’un organe politique rassemblant des personnalités représentatives des différentes composantes du Parti, élues à la majorité des quatre cinquièmes par le Bureau national, sur proposition du Premier secrétaire.
Consolider notre réseau d’élus socialistes et républicains, le premier de France. De la même façon que la victoire de 1981 avait été rendue possible par les conquêtes municipales de 1977, l’alternance de 2012 a été le débouché des magnifiques succès territoriaux engrangés par les socialistes et leurs partenaires au cours de la décennie qui a précédé. Ne laissons jamais dire par la droite que la gauche a obtenu ces responsabilités, nationales et locales, par « effraction » ! Elles sont le résultat du vote des Français, qui est seul souverain, et le fruit du travail de nos élus locaux, de la proximité et de l’efficacité qui caractérisent leur action au quotidien.

Pour une large part, le succès du redressement dans la justice engagé par le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault réside dans la capacité à s’appuyer sur  le réservoir d’énergies et de talents que constituent nos territoires. Elus locaux bien sûr, mais aussi acteurs économiques et sociaux, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la vie associative, culturelle et citoyenne. C’est l’un des acquis des réflexions que nous avons engagées au cours des dernières années : le retour d’une puissance publique à la fois stratège, régulatrice et performante revient à réhabiliter le rôle et la place de l’Etat, mais aussi à ne pas séparer ses décisions et son action de celles que mettent en œuvre les collectivités territoriales, et d’abord les Régions.


La Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) doit jouer un rôle central et permanent dans l’agenda du Parti. C'est le cas, mais il est possible de faire mieux encore. Le Forum des territoires, au sein de la FNESR, doit devenir un rendez-vous traditionnel dans notre agenda collectif et s’ouvrir aux militants autant qu’aux élus.

Une université permanente de la formation, ouverte aux sympathisants et fonctionnant sur le modèle de l’éducation populaire, doit être créée dans chaque région afin d’accueillir et d’accompagner les élus dans leurs mandats.

Un Laboratoire des territoires sera être créé en son sein du Forum des Territoires pour permettre de mutualiser les bonnes pratiques et d’échanger les expériences, ainsi que pour organiser les parcours d’élus dans le cadre du non cumul des mandats et de la mise en œuvre du statut de l’élu.
Pour appliquer ce programme aussi ambitieux qu’indispensable, une réflexion devra s’engager au lendemain du Congrès pour une plus grande coordination entre les fédérations d’une même région, voire une coopération inter-régionale. Chacun en sait, en ressent, l’importance. Pas seulement pour moderniser notre Parti, mais pour faire converger les analyses – et les intérêts – à propos des grands projets d’infrastructures ferroviaires, portuaires ou aéroportuaires, les outils de financement des entreprises et de l’innovation, la structuration de réseaux de formation et d’enseignement supérieur, la synergie entre plateformes dédiées à la recherche, l’organisation de manifestations culturelles et touristiques communes renforçant l’attractivité des territoires. Dans un contexte de ressources publiques rares, une telle mutualisation est un gage de performance.

Enfin, nous devons préparer dès maintenant les prochaines élections locales. Parce que les Français ont besoin de nous dans les territoires. Parce que les échéances intermédiaires sont toujours plus difficiles pour les partis politiques aux responsabilités du pays. Les dirigeants de l’UMP en ont fait un temps de revanche face à la gauche, nous devrons en faire un moment de confiance renouvelée dans notre action. Cette échéance majeure devra être une priorité du Parti socialiste dès le lendemain de Toulouse. A l’évidence les prochaines échéances locales se tiendront dans un contexte bien différent des précédentes. C’est pourquoi, dès maintenant, il nous revient de les préparer avec sérieux et constance.

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